Responsabilité du soldat au combat
Les derniers soldats
blessés français en Afghanistan auraient été le résultat d’un tir fratricide. Cela
est arrivé dans d’autres armées dans les conflits récents et les campagnes militaires
du passé ont montré que cela arrivait relativement fréquemment.
Le débat serait donc
ouvert. Déjà, sur un blog spécialisé (http://lemamouth.blogspot.com), on parle
de conséquences juridiques, « Plusieurs voies seraient alors ouvertes,
y compris, celle de la justice, si les faits se confirmaient ». En
cette journée de commémoration de Paris par la 2ème division blindée
du général Leclerc, je pense que la réaction de nos anciens, notamment les témoins
encore vivants, serait intéressante à écouter.
Sur cette responsabilité
du soldat au combat, une autre information peut inciter à une réflexion
complémentaire. Le 4 septembre 2009, un colonel allemand avait ordonné une
frappe aérienne sur deux camions-citernes capturés par les Talibans près de
Kunduz en Afghanistan. De nombreux civils avaient été tués ou blessés.
Le 16 avril, le
procureur général, donc civil, avait déjà arrêté l’enquête préliminaire ne constatant
aucune transgression de la loi allemande ou du droit international. Une enquête
militaire avait suivi dont les conclusions ont été rendues publiques le 23 août.
La justice militaire n’a pas non plus constaté de violation des règles d’engagement
nationales et internationales, c'est-à-dire des règles militaires encadrant l‘emploi
des forces armées. Cependant, le gouvernement allemand a accepté de verser une indemnité
de 5 000$ à chacune des familles des 102 civils tués ou blessé.
Il apparaît donc que
l’existence d’une justice militaire ne paraît pas incompatible avec le droit
dans une démocratie (site du ministère
de la défense, site « relooké » et très
attrayant) malgré ce qui a été avancé pour supprimer la justice militaire en France.
Ainsi le ministre Morin a déclaré sur ce sujet le 28 juin : « De plus, garder le
tribunal aux armées pouvait donner l'idée qu'il y avait une exception, une
espèce de justice militaire sortant du droit commun alors que dans les faits,
ce n'est pas le cas ». Effectivement,
les soldats feraient un métier comme les autres. A demander aux camarades en Afghanistan.
Et puis est-ce que nos politiques soutiendront aussi bien nos forces armées que
les Allemands, les Américains, les Britanniques ?
La banalisation de
l’engagement militaire aura tôt ou tard un coût politique. Que penser de
magistrats dont les compétences dans le domaine militaire seront de plus en
plus limitées avec la suspension du service militaire ? Qu’en serait-il aujourd'hui
politiquement et militairement d’une telle affaire en France ? Sans doute,
en fonction des suites de l’enquête sur les trois soldats blessés français,
nous pourrons avoir une idée des suites données par la justice française dans une
action qui peut se reproduire malgré le professionnalisme de nos soldats.