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Défense et République
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25 janvier 2009

2009 l’année de tous les risques

Malgré l’élection d’un nouveau président des Etats-Unis inaugurant cette nouvelle année, pouvons-nous vraiment penser que le monde ira mieux ? Nous pouvons en douter.

La crise économique est telle que ses conséquences en sont imprévisibles. Or, les conflits en cours cette année accentuent la dangerosité de la situation internationale avec des élections multiples dans des Etats de crise et donc servant de causes potentielles à toutes les actions de déstabilisation. Ainsi :

· En Israël, le conflit avec le Hamas peut entrer dans cette logique d’affrontement calculé. Israël aura des élections cette année et cette guerre avait, aussi bien du côté des Israéliens que du côté du Hamas, une importance majeure dans l’élection du prochain premier ministre israélien en fonction de l’exploitation du conflit.

· En Irak, les élections sont prévues le 31 janvier 2009, avec des élections provinciales, un référendum le 31 juillet sur les conditions du retrait américain (le SOFA), enfin les législatives qui doivent en principe avoir lieu en décembre 2009. Les forces américaines sont désormais prévues se désengager pour fin mai 2010 au lieu du 31 décembre 2011. L’Iran voisin aura aussi des élections présidentielles et législatives le 12 juin 2009.

· En Afghanistan, les élections présidentielles sont prévues en septembre 2009. La fin de l’hiver à compter d’avril jusqu’en septembre annonce déjà les combats à venir pour développer l’insécurité, un doute sur la validité des élections et donc consommer l’échec de l’OTAN en Afghanistan. Toute zone de déploiement des forces de l’OTAN devra être très fermement tenue pour interdire aux talibans d’entraver les élections et de faire pression sur les populations. Les zones contrôlées devront sans doute être élargies. L’envoi de trente mille soldats américains et les demandes vraisemblables adressées aux Etats–membres devront être à la hauteur des enjeux … et les réponses favorables… y compris pour la France. Il s’agit d’une guerre contre-insurrectionnelle qui ne doit pas être perdue.

· En R.C.I., le représentant spécial de l'ONU en Côte d'Ivoire le 21 janvier à New York, un calendrier électoral pour l'élection présidentielle, seule à même de sortir le pays d'une crise politique qui dure depuis cinq ans. Pour la première fois depuis la signature de l'accord politique d'Ouagadougou le 4 mars 2007, le peuple ivoirien et la communauté internationale ne disposent ni d'une date, ni d'une période pour les élections. Fin 2008, le Conseil de sécurité de l'ONU avait déjà mis en demeure les dirigeants ivoiriens d'organiser des élections générales présidentielles et législatives avant la fin du printemps 2009. Cette échéance sera impossible à respecter, notamment en raison du retard du recensement des nouveaux électeurs. Reconnaissons que cette crise annoncée met en cause la présidence ivoirienne qui sait ne pas être réélue si des élections avaient lieu aujourd'hui. Les forces françaises sont encore fixées sur place au détriment des autres missions en cours.

Ces quelques exemples sont significatifs des tensions extérieures qui peuvent aggraver la situation mondiale ou l’engagement des forces armées françaises, sans exclure les situations intérieures qui pourraient aussi se révéler dans certains cas insurrectionnelles (Grèce…). Hormis cependant le conflit en R.C.I., constatons que ce sont des conflits qui ne terminent pas et ne se termineront pas de sitôt dès lors qu’ils coïncident avec des conflits de civilisations.

Samuel Huntington, décédé le 24décembre 2008 à 81 ans, fortement décrié par dogmatisme en occident, n’en est donc pas moins d’actualité. Dans un article publié en 1993 par la revue Foreign Affairs, puis dans un livre paru en français sous le titre Le Choc des civilisations (Odile Jacob, 1997) il démontrait que les civilisations se définissaient par rapport à leur religion de référence, leurs cultures, fondant désormais leurs oppositions non plus entre nations mais entre cultures et religions. Cependant dans un dernier ouvrage, « Qui sommes-nous : identité nationale et choc des cultures » (Ed. Odile Jacob, 2004), il constatait que bien qu'uniques, les valeurs occidentales n'ont rien d'universel. Nous pourrions ajouter qu’elles sont même contestées désormais.

Dès lors que ce principe d’universalité très « occidentalo-centré » est abandonné de fait, que nous le reconnaissons, nous pourrions sans doute nous repositionner sur la défense de nos valeurs propres. Cela signifie que les autres civilisations doivent respecter nos différences et en assumer les conséquences lorsqu’elles ne le font pas. La période actuelle est celle de la construction d’une nouvelle répartition des pouvoirs en fonction des nouvelles puissances, sinon d’un nouveau rapport de forces. L’objectif cependant n’est pas d’accepter une défaite éventuelle de l’occident mais de permettre la préservation mesurée de sa place mondiale, en fonction de ses intérêts, y compris civilisationnels.

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