Cet été a vu début août la parution du rapport annuel du département
américain de la défense au Congrès sur la puissance militaire chinoise en
application d’une loi budgétaire de 2000 qui impose cet exercice (procédure
intéressante peut-être à appliquer en France). Ce rapport fait donc en six
chapitres l’état des forces chinoises notamment dans ses capacités
cybernétiques, une analyse de la stratégie chinoise, la situation dans le
détroit entre Taïwan et la Chine populaire. Une annexe présente un bilan des
forces des deux Etats.
Il paraît intéressant de s’intéresser à ce rapport en terme
de sécurité et sans aucun doute dans le cadre des rapports de la France plus ou
moins houleux avec la Chine, une puissance qui se dit non expansionniste mais
qui construit une puissance militaire de plus en plus conséquente. Outre le
développement de la menace nucléaire, c’est aussi se rappeler les tensions
depuis plusieurs mois dans cette région de l’Asie où la Corée du Nord qui vient
de tirer un certain nombre de coups de canon contre la Corée du Sud en manœuvre
anti-sous-marine en réponse à la perte d’un navire en mars 2010, attaque
faiblement condamnée par l’ONU et donc par le Conseil de sécurité. Que ferait
(et que fait ?) le Conseil de sécurité, dont fait partie la France en cas
d’une aggravation de la situation d’autant que la Chine agit systématiquement
contre les Occidentaux ?
Ce rapport fait donc le point, à la grande colère de la
Chine, sur sa montée en puissance militaire accroissant de fait les options
chinoises à utiliser la force militaire pour obtenir un avantage diplomatique
ou pour résoudre un différend en sa faveur. Il établit que la Chine a débuté
une nouvelle phase du développement de ses capacités militaires qui dépassent
les seuls besoins de la défense nationale, notamment en permettant à terme une
capacité de projection. Cette capacité militaire dissuadera à terme toute
velléité d’indépendance de Taiwan notamment en empêchant les Etats-Unis d’agir.
A ce titre, le département américain de la défense estime
avoir une responsabilité particulière pour dissuader tout conflit en Asie en
exprimant la volonté et la capacité des Etats-Unis à maintenir la paix et la
stabilité.
La question pour la France est de savoir comment s’intégrer
dans le grand jeu. En a-t-elle encore les moyens, sinon la volonté, alors que
l’Empire du Milieu, avide de reconnaissance et de revanche sur sa période de
colonisation par l’Occident, attend à terme que les Etats reconnaissent sa
puissance et un jour paye « tribut » ?