La nouvelle politique africaine de la France soumise aux volontés des Etats africains
La nouvelle politique de la
France en Afrique lancée après l’élection du président de la République en 2007
est de plus en plus soumise aux choix des Etats africains en cette année des
commémorations de leur indépendance. Pour faire aboutir une politique, il ne
suffit pas de faire défiler quatorze contingents africains sur les
Champs-Elysées, action de communication bien contestable en ce 14 juillet, fête
nationale de la France. Le mélange des genres n’est jamais bon. Rappelons
cependant que les forces françaises en Afrique représentent environ 8000 hommes
dont 2200 au titre des opérations.
La nouvelle politique
africaine s’est exprimée d’une manière relativement unilatérale. La réalité
pétrolière du Gabon a été prise en compte avec la présence maintenue d’une base
française de forces prépositionnées, annoncée par le Livre blanc puis … par le
soutien au nouveau président du Gabon, élu en 2009. C’est aussi Nicolas Sarkozy
qui déclarait le 28 février 2008 au Cap (Afrique du Sud) : « La France n'a
pas vocation à maintenir indéfiniment des forces armées en Afrique
».
C’est ensuite la déclaration
du président de la République confirmant le 24 février 2010 le départ des
forces françaises au Sénégal remplacées par une assistance militaire renforcée
… dont les résultats en Afrique ne sont pas probants depuis justement 50 ans
d’indépendance. C’est aussi la réconciliation, malgré le lourd contentieux
existant, avec le Rwanda dont le président, le général Kagamé, a été
démocratiquement élu le 11 août avec 93% des voix.
La décristallisation en 2010
des pensions de retraite des anciens combattants du continent africain est sans
aucun doute aussi un élément de cette politique de désengagement de la France
par la fin des contentieux et par une priorité donnée à des relations plus
économiques avec les pays africains francophones : « Plutôt le commerce que la
présence de soldats français aux coûts politiques et financiers certains ! »
C’est enfin Idriss Deby,
président du Tchad qui remet en cause lors de la fête nationale tchadienne le
11 août les quelque mille soldats français de l’opération Epervier présent
depuis 1986 à moins que la France ne souhaite compenser financièrement cette
présence. Le président tchadien oublie d’ailleurs les nombreuses aides financières
et logistiques dont il a bénéficié depuis qu’il est au pouvoir, notamment face
à ses opposants. Il se rappelle peut-être aussi le lâchage français en février
2008 où, soumis à un fort rezzou parvenant jusqu’à N’Djamena, les soldats
français sont restés l’arme au pied, en application de la nouvelle politique
française. Plus tard, B. Kouchner déclarait à Abidjan le 16 juin 2008 que « La France
n'interviendra plus dans le conflit tchadien », laissant la place à
la force des Nations Unies (Minurcat) et pendant un an à une force européenne
en grande partie composée de soldats français, les autres nations européennes
peu motivées par cet engagement, et commandée par un général français.
Maintenant, que la situation
régionale est normalisée notamment avec le Soudan, le Tchad est libre de
reprendre sa liberté, contribuant au désengagement des forces françaises
d’Afrique.
Ce
nouvel élément des relations entre la France et l’Afrique ne manque pas
d’intérêt alors que le ministère de la défense a mis en ligne sur un site
rénové et attrayant sa revue mensuelle « Armées d’aujourd'hui » de juillet 2010
consacrée à la nouvelle coopération militaire française en Afrique (www.defense.gouv.fr),
malheureusement à la lecture particulièrement difficile en ligne ! Faut-il des
troupes permanentes en Afrique et acclimatées, dissuadant les déstabilisations
ou faut-il assurer la formation des armées africaines… comme nous l’avons fait
depuis cinquante ans ? Si c’est pour une question financière, cela n’est pas
forcément le bon choix.