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Défense et République
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8 août 2010

Elimination physique ou assassinat en Afghanistan ?

Toujours suite aux fuites de Wikileak, un débat en Allemagne semble s’installer sur la question de l’élimination physique des insurgés talibans afin de remettre en cause la présence des 4 700 soldats allemands. Il est vrai que 70% des Allemands sont favorables à leur retour. Information commentée par deux journalistes du Monde du 5 août, l’Allemagne aurait fait inscrire selon der Spiegel, 13 noms de cibles sur la liste existante de 2058 noms de talibans à éliminer ou à capturer fin 2009.

Le débat soulevé est cependant différent. En effet, nos démocraties veulent éviter la mort de personnes non concernés par un conflit dans lequel elles sont engagées. Elles ont désormais un nouveau mode d’action qu’Israël a d’ailleurs largement mis en œuvre, l’élimination physique ciblée où des équipes ou des moyens spécialisés sont employés pour tuer ou capturer un insurgé dans une opération de guerre.

Or si nous lisons l’article, loin d’être anodin, les mots employés posent une question de fond : tuer par des forces militaires spécialisées, est-ce une élimination physique ciblée ou un assassinat comme le répètent plusieurs fois nos journalistes ?

Dans cet article de C.Boutelet et JP Stroobants, on peut en effet s’interroger sur le choix des mots et leur sens. Dans ce conflit armé, cette contre-insurrection où la guerre au sens juridique n’est pas déclarée, il est net que l’action de « tuer ou de capturer sans procès » des talibans ou des membres d’Al Qaida est l’objet d’une polémique larvée. Le fait pour ces journalistes d’utiliser le terme « d’assassinat » pour qualifier l’action des forces armées de la coalition dans ces éliminations physiques est lourd de sens dans la mesure où le rôle des journalistes est d’informer et d’aider à comprendre une situation qu’ils relatent.

Au même titre que le président de la République sur l’emploi du mot « guerre », ces journalistes brouillent donc les réflexions, sinon dans leur cas, manipulent la réalité et le sens de ces opérations. Or, ce choix est d’autant plus grave que le Monde du 6 août citant dans une brève les huit humanitaires assassinés par les Talibans, déclarent simplement qu’ils ont été « tués » !

Les questions suivantes se posent donc : dans une contre-insurrection, éliminer des insurgés par des moyens militaires d’une manière ciblée peut-il s’appeler un assassinat ou est-ce une opération de guerre qui comprend naturellement l’élimination physique des insurgés identifiés, risques qu’ils assument par leur comportement ? Les humanitaires ne sont que « tués » par les Talibans et non assassinés, les Talibans n’assassinant pas ? Les insurgés ne peuvent être qu’assassinés par les troupes de la coalition ?

Tout ceci montre une grande incurie journalistique, sinon un grave parti pris dont les conséquences sur nos opinions publiques ne peuvent être négligées à terme. Chaque mot utilisé a un sens et a un effet sur celui qui l’entend ou le lit. Enfin, utiliser le mot « assassinat » signifie-t-il que les soldats de la coalition, les gouvernants des démocraties pourraient être demain poursuivis lorsque la paix sera revenue  par une procédure pénale, éventuellement dans le cadre de la cour pénale internationale ? Le refus des Etats-Unis de la reconnaître trouve alors toute sa justification.

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