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Défense et République
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7 août 2010

Sur l’emploi du mot « guerre »

Revenons sur la guerre et sur l’emploi de ce mot avec une intervention de BHL (le fameux philosophe Bernard-Henry Lévy) dans le Monde du 5 août. Dans une tribune critiquant le président de la République, il évoque trois fautes commises par Nicolas Sarkozy. L’une d’entre elles est le mauvais emploi du mot « guerre », remarque que nous approuvons. En effet, le président de la République a évoqué à Grenoble la « guerre nationale » à mener contre les voyous. Or, l’utilisation des mots a une influence sur la perception des actions menées. Si la police fait la guerre sur le territoire national, cela revient à parler de « guerre intérieure », sinon de « guerre civile » avec tout ce que cela comporte. Il faut se rappeler le débat du 26 août 2008. Bernard Kouchner, ministère des affaires étrangères, a utilisé, sinon défendu l’usage de ce mot pour parler du conflit afghan. En revanche, le ministre de la défense déclarait peu après « Je conteste le mot de guerre, je conteste totalement ». La polémique a été importante et le président de la République n’a pas évoqué la guerre en Afghanistan.

Il y a donc un flou grave sur le cadre des actions de sécurité menée  par la France. Celle-ci conduirait une « guerre nationale » contre le crime sur son territoire et ne ferait pas la guerre en Afghanistan. Elle ferait donc une opération de maintien de la paix en appui d’un autre gouvernement. Remarque déjà citée dans le passé, nos soldats blessés ou tués sont alors victimes – terme utilisés d’ailleurs par certains politiques - d’un accident du travail et donc un policier pourra recevoir la croix de la valeur militaire pour son action dans une banlieue difficile où il subit des agressions par arme à feu. Cet exemple remet en cause la vision – simpliste – d’une sécurité intérieure et d’une sécurité extérieure telle qu’elles ont été imaginées dans le libre blanc sur la défense de 2008. 

Une vision sécuritaire et policière, sans doute due à l’expérience personnelle du président de la République, affirme son emprise peu à peu sur la gestion concernant notamment l’ensemble des questions de sécurité comme en témoigne d’ailleurs le déploiement de policiers dans quelques ambassades comme conseillers depuis quelques années. Bon nombre de médias ont aussi souligné la mise en place accrue de policiers à tous les niveaux, notamment dans le domaine préfectoral au point qu’un policier peut être nommé directement sous-préfet.

Il est sans doute temps de revenir à une vision plus claire de la réalité du monde afin que les exécutants sachent dans quel domaine ils agissent, c'est-à-dire les policiers dans le cadre de la sécurité publique sur le territoire national, les forces armées hors du territoire français et éventuellement en forces de 3e catégorie sur le territoire national si les institutions étaient menacées.

Est-il bien sain enfin de voir cette montée en puissance progressive des policiers dans les structures administratives d’une démocratie ?

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