Le cas Desportes et le mépris du soldat
La sanction
annoncée à l’encontre du général Desportes est symptomatique des relations
entre le politique et le soldat. Certes le général Desportes n’a pas de
campagne à son actif. Il est sans doute plus militaire que soldat. Il a en
revanche beaucoup réfléchi et dans l’histoire de la réflexion stratégique,
penser et agir ont souvent été dissociés hormis peut-être avec Jomini.
Clausewitz lui-même, prisonnier à Auerstaedt en 1806, n’a pratiquement pas de
campagne à son actif ! Et on parle toujours de « De la Guerre », son œuvre
magistrale … posthume !
Cependant, les réactions politiques, sinon militaires
vis-à-vis, finalement d’une interview loin de toute polémique, paraissent être
disproportionnées (terme que nos politiques aiment bien utiliser pour remettre
en cause toute action de force notamment des forces de sécurité). La presse ne
s’y est pas trompée comme le soulignent le Canard Enchaîné du 21 juillet,
Marianne, le Monde, le site de JD Merchet (Libération). Surtout celui-ci attire
l’attention sur la prise de position du président de la Saint-Cyrienne, le
général de corps d’armée Delort qui, par sa Newsletter n°33 (tout est symbole
!), prend position et défend le général Desportes sans toutefois le citer.
Ces réactions, même en période estivale, montrent le malaise croissant entre le politique et militaire. Nous savons le peu d’estime que porte le président de la République aux soldats qui la servent. Nous constatons le dénuement progressif de nos armées et la suppression de 54 000 postes ne va pas arranger la situation. Nous voyons nos armées se délabrer inéluctablement et cela, sans l’aide de la crise économique. Demain, et c’est bientôt, les armées de la République ne seront plus en mesure de défendre la Nation.
Il n’est pas
certain d’ailleurs qu’elles le veuillent compte tenu de la manière dont elles
paraissent peu « dignes » d’être entendues par le pouvoir. Or, qui sert la
France sans parti pris, au nom de l’intérêt général, au nom d’une certaine idée
de notre avenir, avec un grand désintéressement, sinon les armées de la
République ? Dans l’état de la France d’aujourd'hui, il serait peut-être
opportun de se rappeler que les armées sont l’ultime rempart des institutions
lorsqu’elles sont menacées. Se rappeler que la France a survécu par ses armées,
fait aussi partie du devoir de mémoire. Les armées doivent être préservées et
respectées.