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Défense et République
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11 novembre 2009

11 novembre et identité nationale

Que de réflexions sur la défense et la sécurité depuis ma dernière intervention du 27 octobre.

Elles sont d’autant plus nécessaires que nous sommes le 11 novembre, commémoration du souvenir des soldats de carrière ou du contingent qui ont donné leur vie pour la Nation existe et dont l’importance prend de plus en plus de sens notamment suite au débat sur l‘identité nationale. Symbole aujourd'hui aussi de la communauté d’esprit des deux côtés du Rhin que 2000 ans d’histoire ne peuvent renier.

Le débat sur l’identité nationale y trouve naturellement sa place. L’identité nationale ne signifie-elle pas dire « adhérer suffisamment pour accepter de prendre le risque de donner sa vie pour la communauté nationale » ? Or comment faire comprendre cet engagement ultime surtout lorsque le service militaire dont c’était l’un des objectifs n’existe plus ? Comment faire comprendre aussi le sens de cet engagement alors que l’intérêt individuel est devenu la norme de notre société ?

Les questions soulevées par ces dernières semaines ne peuvent qu’irriguer nos réflexions, cependant plus dans l’inquiétude et le pessimisme que dans l’optimisme.

Abordons en premier lieu la prolifération nucléaire et l’incapacité des Etats à contrôler la capacité iranienne à se doter d’une arme dont l’usage dissuasive est discutable compte tenu des propos tenus contre Israël et dont les avances technologiques sont loin d’être rassurantes. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a demandé des explications à l'Iran au sujet d'expériences sur des explosions multiples synchronisées qui permettrait de fabriquer des têtes nucléaires plus petites et plus faciles à adapter, Comme toujours nous avons quelques autorités un peu passées faisant d’ailleurs un ensemble un peu étrange (Alain Juppé, ancien premier ministre ;Bernard Norlain, général, ancien commandant de la force aérienne de combat; Alain Richard, ancien ministre de la défense; Michel Rocard, ancien premier ministre) qui souhaitent à travers un article dans le Monde que la France et les quatre autres puissances nucléaires traditionnelles montrent l’exemple de la dénucléarisation en raison d’une sécurité internationale gravement en cause. Elles réclament des initiatives urgentes. Encore montrer l’exemple face à des dirigeants iraniens et coréens qui mentent avec effronterie ? Est-ce bien sérieux ?

Toujours l’Afghanistan

Sous commandement américain, nos forces agissent au sein de la nouvelle Task Force La Fayette en Afghanistan. Nos soldats se battent et ce retour de la guerre est riche d’enseignements comme le montre le débat sur la plainte de parents de soldats morts au combat sur une supposée responsabilité du commandement. Cette action est l’exemple même de la faiblesse de nos sociétés, incapables d’assumer le poids d’une guerre et cherchant des responsabilités sous le couvert du droit de savoir et du droit au sens juridique. La guerre est faite de risques et de souffrances. Ce n’est pas une science, cela reste un « art » avec ses aléas qui sont les règles des engagements armés. De fait comme le rappelait le chef état-major des armées le 26 octobre, il y a bien une spécificité militaire qui se retrouve dans la prise des risques au combat.

Peut-être que si le terme de guerre était politiquement reconnu avec les textes juridiques correspondants, nous ne serions pas dans cette situation ubuesque et surtout malsaine. C’est en effet le retour « en boomerang » vers nos politiques de positions démagogiques ou ignorantes. A force de « juridiciariser » tous nos actes, le politique a entravé lui-même sa capacité à agir et à faire comprendre cette action par l’opinion publique. A force de refuser de parler de « guerre » – rappelons-nous la polémique sur la déclaration de Bernard Kouchner -, nous sommes donc en temps de paix avec un droit correspondant au temps de paix tout en faisant des opérations de guerre. On ne peut pas toujours jouer sur les mots.

L’insinuation du doute au sein des nations occidentales

Un autre problème se pose : celui de la confiance à accorder à ceux que nous formons pour se battre pour leur propre pays. Les deux tueries sensiblement à la même date chez les principaux contributeurs à la guerre en Afghanistan interpellent. Cinq soldats britanniques sont tués par un policier afghan qu’ils côtoyaient et qu’ils avaient formé. Le 5 novembre, un officier américain, fils d'immigrants palestiniens, en partance pour Bagdad, tue 12 soldats et fait 31 blessés. Personne n’a osé faire le rapprochement mais faisons-le. La coïncidence des dates, des intervenants, du processus ne peut qu’inciter à la réflexion et au doute sans en faire une généralité. Ajoutons la mise en examen d’un physicien franco-algérien considéré comme un " brillant chercheur ", le 12 octobre, pour " association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ". Placé en détention provisoire, il est soupçonné d'être entré en contact avec Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). La question de la confiance se posera de plus en plus et il est certain que la notion d’identité nationale prend toute son importance car elle conditionne la loyauté entière et sans réserve à la communauté d’appartenance.

Laïcité et forces armées

Dans ce cadre, l’organisation par les armées d’un pèlerinage à la Mecque, même payant (3000€ dont on peut se demander si ce chiffre est crédible), révélé par un quotidien canadien (Globe and mail du 18 septembre 2009) confirmé par RFI le 2 novembre 2009 sans que le ministère de la défense ne s’exprime sur le sujet, pose la question de la laïcité et encore des relations avec l’islam. L’aumônerie militaire musulmane, très active, a souhaité organiser un pèlerinage religieux à l’étranger et qui plus est dans un pays du Moyen-Orient. Peut-on supposer que la même chose soit faite à Jérusalem pour les juifs et les chrétiens ?

L’inquiétude sur ce qui pourrait paraître comme une dérive a suscité une question parlementaire du député (UMP) Lionnel Luca publiée le 20 octobre 2009. Il attirait l’attention du ministre de la défense sur les mesures prises au sein de l'armée française visant à favoriser la pratique d'un culte : « L'armée sert aujourd'hui des repas hallal et met à disposition des salles de prière. En outre, elle affecterait à des tarifs préférentiels pour les musulmans des vols non commerciaux pour se rendre à la Mecque et organiserait leur séjour. Il lui demande si ces dispositions particulières sont exactes et quel est l'ensemble des dispositions prises pour chaque religion ». La réponse sera sans aucun doute intéressante.

Aujourd'hui le pèlerinage a été annulé officiellement en raison de la grippe A (H1N1) et des lenteurs de l'administration saoudienne...

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