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Défense et République
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19 août 2008

Afghanistan : des soldats français morts au combat

Aujourd'hui, 10 soldats français ont été tués et une vingtaine d’autres blessés au combat et non dans une opération de soutien de la paix. Ces pertes étaient craintes dans les états-majors depuis le début de l’engagement important des forces françaises en Afghanistan.

Cependant, certains journalistes estiment ces pertes comme étant les plus importantes depuis les tués de Drakkar au Liban, cela étant curieusement d’actualité avec la présence du président Assad le 14 juillet. Cela pourrait même être une volonté talibane de faire coïncider cette attaque avec son 25e anniversaire. Cependant, Drakkar était un attentat, non une opération de guerre.

Or le mot « attentat » est même utilisé par une journalistes au 20 heures du 19 août pour qualifier ce combat. Les journalistes oublient aussi les 9 tués de la Force Licorne en 2004 (sans doute un accident du travail puisqu’il n’y a pas de guerre au sens juridique du terme) dans une autre opération de guerre menée à leur encontre. La confusion des esprits est donc de plus en plus évidente et le Livre Blanc confondant sécurité intérieure et sécurité extérieure en est le plus parfait exemple. Même si des liens existent dans la lutte contre l’ennemi extérieur et les menaces intérieures, la guerre est une chose trop sérieuse pour la laisser … aux amateurs. La réforme constitutionnelle de juillet n’a pas apporté de clarification sur l’emploi des forces armées. Nous sommes en guerre et la Constitution aurait dû la définir juridiquement pour mieux employer nos forces armées.

Sur cette embuscade en Afghanistan puisque nous sommes en guerre, avoir autant de pertes est grave même si cela est toujours possible. Je ne sais si les autres forces de l’OTAN ont eu autant de pertes lors d’un seul combat depuis 2002, et cela interpelle. Nul doute que l’enquête qui sera conduite permettra de comprendre les erreurs éventuelles ou simplement la plus grande intelligence de l’ennemi.

Cependant, en cette période de remise en cause des forces armées françaises dans leur fonctionnement, les questions de l’entraînement et de l’emploi de nos soldats se posent avec des missions ressemblant plus à des opérations de casques bleus que de soldats disposant des qualités guerrières attendues. Ils sont plus entraînés à des actions de présence qu’à des opérations de guerre. Si on lit bien le Livre Blanc sur les conditions d’emploi des forces armées, nous ne sommes pas dans la logique d’emploi des forces armées en tant que soldats et ce qui vient de se passer est un avant-goût d’un futur difficile. Aujourd'hui l’équivalent d’une section d’infanterie a été mise hors de combat. Et demain ?

La visite du chef de l’Etat, qui a validé le Livre blanc, prend alors toute son importance s’il comprend, enfin, les soldats sur le terrain.

Il est responsable de l’emploi des forces armées en particulier en Afghanistan et cette guerre est nécessaire malgré les critiques un peu légères sur l’alignement sur les Etats-Unis. Le contact avec les soldats blessés en Afghanistan est un beau geste compassionnel très à la mode mais dont on ne peut nier la sincérité, surtout en cette période de doute entre les armées et l’exécutif. Mais se déplacer auprès des soldats n’est-ce pas trop ? Quant à la mise en place de cellules de soutien psychologique pour soutenir le moral de la base arrière, nos anciens de la seconde guerre mondiale, d’Indochine, d’Algérie pourraient voir cela avec circonspection. Cela montre à l’évidence la fragilité psychologique de nos populations et donc la cible naturelle qu’elles présentent.

Espérons que ce contact avec la réalité de la guerre fera évoluer le chef des armées sur l’emploi de celles-ci, sur le recours à la force, et bien sûr sur les capacités à avoir et dignes de ce nom pour être crédible et respecté. Les exemples actuels mettant en avant les rapports de force y compris violents sont de plus en plus parlants : Georgie, bombardement par la Turquie du Kurdistan irakien, attentats islamistes en Algérie, en Irak, en Afghanistan… Et la France ?

Enfin, une dernière question se pose. Comment honorer les morts au combat dans une société qui comprend difficilement cet engagement malgré les témoignages d’affection des hommes politiques de tous bords et des citoyens. Faudra-t-il faire une cérémonie aux Invalides comme pour les neuf soldats de la force Licorne en 2004. Ce ne sont pas les derniers cercueils d’une guerre qui s’annonce longue. La République doit se réapproprier le respect dû aux morts pour la Patrie et proposer un cérémonial approprié à notre société du XXIe siècle pour honorer ce sacrifice.

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