Les restructurations de la fin juillet
Les
annonces concernant les restructurations ont eu lieu (voir sur www.defense-et-republique.org.
Téléchargements). Cela a été pire que la rumeur l’annonçait. Remarquons que les
DOM/COM sont bien abandonnées (mais tout le monde s’en fiche manifestement). Des moyens de
théâtre resteront concentrés en Guyane, à la Réunion et en Nouvelle-Calédonie.
Une capacité régionale de projection en cas de crise sera prévue donc pour la
Polynésie et les Antilles, nouveaux déserts militaires. Il est vrai que la situation
politique de la Polynésie vers une autonomie/ indépendance avec cet abandon
laisserait bien la place à une indépendance totale future.
Une
campagne de communication importante a eu lieu pour empêcher toute action de
mauvaise humeur des militaires. Le ministère a affirmé avoir largement consulté
mais si on lit l’audition parlementaire avec les syndicats de la défense du 09
juillet (en ligne aussi sur le site), ce n’est pas ce qui apparaît dans les
propos mêmes de Guy Teissier, UMP et président de la commission de la défense
et des forces armées : « Le président Guy
Teissier a précisé que
la représentation nationale n’est pas plus informée des décisions prises
concernant les restructurations qui suscitent les inquiétudes tant des
personnels que des élus ».
On peut se demander si ne pas dire la vérité, ou plutôt une vérité incomplète,
est une règle de « bonne gouvernance »
au sens de l’efficacité mais au détriment du respect de la démocratie. Comme
cela fonctionne…
Les militaires
ont donc reçu les directives du commandement au niveau interarmées et au niveau
des armées pour mettre en œuvre sans discuter ce qui avait été décidé par le
pouvoir politique. Quelques aménagements politiques ont eu lieu pour gérer la
grogne des élus bien que celle-ci, au moins pour les Lorrains, n’est pas calmée
avec la journée d’action éventuelle du 6 septembre prochain.
Ce que l’on peut
constater néanmoins est l’intérêt important exprimé par la Nation envers les
unités militaires. Il est toujours possible de dire que la dimension économique
était prioritaire. Certes mais cela n’est pas sûr. Les armées professionnelles
ont su s’adapter à leur milieu local et à vivre dans la cité. La remise en
cause de cette intégration réussie d’une dizaine d’années est menacée d’être réduite
à néant par ces restructurations, qui, reconnaissons-le, n’ont pas bénéficié d’une
réflexion globale à l’origine. Comment expliquer autrement l’ignorance de l’impact
dans des villes de garnison du départ d’un régiment ou d’une base ?
Quelques
questions vont demeurer avant ce big bang
de la désorganisation.
La totalité des
économies dégagées par la réforme serait réinvestie au profit de la condition
du personnel et dans la modernisation et le renouvellement des équipements. Il est annoncé 1,2 milliard d’euro
d’économie par an, des aides de 320 millions d’euros pour les communes les plus
touchés. L’amélioration de la condition des personnels civils
et militaires, grâce
au retour vers les personnels de la moitié des économies dégagées par les
baisses d’effectif (donc l’application en 2009 du plan Alliot-Marie pour la
condition militaire reportée par H. Morin ?). Il est aussi annoncé 3
milliards d’euros pour les équipements, soit environ 18 milliards mais d’où
viendront-ils dans la mesure où les économies sur le fonctionnement ne sont pas
acquises ? or le budget hors pension est aux alentours de 31 milliards d’euros.
Doit-on voir la baisse du budget de fonctionnement
et donc de l’entraînement, c’est-à-dire d’environ 16 milliards à 12 (! )?
Concernant les
effectifs, d’ici 7 à 8 ans, l’effectif global du ministère de la défense
atteindra 273 000 personnels, dont 225 000 pour les forces (civils
compris, cela fait encore moins de militaires’) soit 131 000 pour l’armée
de terre, 50 000 pour l’armée de l’air et 44 000 pour la marine. Mais
qui sont ces 48 000 autres personnels dont on ne parle jamais ?