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Défense et République
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13 juin 2008

La France et l'OTAN

Alors que les ministres de la défense de l'Otan se réunissaient à Bruxelles, dans le cadre du Conseil de l'Atlantique Nord, la question du retour de la France dans l'organisation intégrée est à nouveau posée.

Il y a deux manières d'aborder ce sujet: l'idéologie et le pragmatisme.. D'un côté, des discussions quasiment théologiques, de l'autre une approche en termes de coût et d'efficacité.

L'idéologie. Cette approche réunit partisans et adversaires d'un retour dans l'Otan. Les adversaires, nombreux à gauche mais également présents à droite, voient dans l'Alliance atlantique l'incarnation du mal sous la bannière étoilée. Ils oublient un peu vite que la France a toujours fait partie de l'Alliance atlantique, même après le retrait de l'organisation militaire intégrée de 1966, et que la France est un acteur majeur des opérations de l'Otan depuis 1996 (Bosnie, Kosovo, Afghanistan). Les partisans d'un retour, moins nombreux à s'exprimer, ont un porte-parole prestigieux en la personne du président de la République Nicolas Sarkozy. Il souhaite "placer clairement la France dans la famille occidentale", comme il l'a exprimé, par exemple, lors des vœux au corps diplomatique. Les armées sont globalement favorables à ce retour, alors que le Quai d'Orsay est plus réservé.

Le pragmatisme. C'est l'idée défendue, par exemple, par l'ancien ministre des affaires étrangères Hubert Védrine. En clair: combien ça coûte et qu'avons-nous à y gagner ? L'Otan de 2008 n'est plus celle d'antan, avec des forces pré-affectées à la défense de l'Alliance. C'est essentiellement douze états-majors, qui utilisent des forces nationales mises à la disposition au cas par cas pour des opérations (Kfor, Isaf, Active Endeavour) ou pour des alertes (NRF).

Si la France décidait de "réintégrer" complètement, qu'est-ce que cela signifierait-il concrètement, au-delà de l'affichage politique ? Actuellement, 110 personnels français dont deux généraux, sont "insérés" dans la machinerie otanienne. Un plein retour nécessiterait une plus grande participation aux états-majors, à un niveau comparable à celui des grands pays européens - a priori environ 800 ou 900 personnes. Il s'agit, pour l'essentiel d'officiers. En terme de masse salariale, un retour dans l'Otan pèserait l'équivalent d'environ deux régiments d'infanterie. Ce n'est pas rien.

Par ailleurs, la France contribue à hauteur de 7,5% au budget de l'Otan, soit 138 millions d'euros. En cas de retour, sa participation devrait augmenter. Si elle atteignait le niveau britannique (11,2%), cela se traduirait par une hausse d'environ 70 millions d'euros. Soit plus de quinze VBCI par an ou le prix d'un Rafale. Ce n'est pas rien non plus.

Voilà pour les coûts. Et l'efficacité ? La France pèsera-t-elle plus en étant pleinement réintégrée ? Rien ne le prouve, ni d'ailleurs le contraire. On peut estimer que la situation actuelle (un pied dedans, un pied dehors) donne également un grand poids. La démarche diplomatique française repose sur l'idée quel l'Europe de la Défense ne progressera que si la France rassure ses partenaires européens sur ces intentions, en réintégrant pleinement l'Otan. C'est un pari. Si, au final, il est perdu, il sera facile de le critique. Mais s'il est gagné...

Chacun voit ce que tu parais, peu perçoivent ce que tu es . Machiavel (le prince)

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