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Défense et République
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6 juin 2008

Exit le second porte-avions

Les Britanniques ont décidé, enfin, la construction de leurs deux porte-avions de 65 000 tonnes. Le premier, le HMS Queen Elisabeth, devrait entrer en service en 2014, le second, le HMS Prince of Wales, en 2016 pour un coût de 4,8 milliards d’euros (3,8 milliards de livres) soit 2,4 milliards d’euros pièce. Cela entraînera aussi une réorganisation majeure de l’industrie navale britannique. Et la France ?

Annoncée par Nicolas Sarkozy pendant sa campagne, la construction d'un second porte-avions français, qui aurait eu pour mission d'assurer la continuité pendant les périodes d'immobilisation du « Charles-de-Gaulle » (CDG) soit 30% de son temps, se révèle plus problématique que prévu. Une semaine après la décision britannique, Nicolas Sarkozy estimait le mardi 27 mai sur RTL que, « pour le second porte-avions, on a un peu de temps, puisque la décision devrait être prise aux alentours de 2011-2012 » (…) « Je veux y réfléchir. C'est une décision lourde ». Déjà, dans une action de « déminage » le 20 avril aux micros d'Europe 1, le ministre de la défense Hervé Morin reconnaissait que la situation budgétaire de la France rendait « difficile » le lancement d'un tel projet. Le député UMP Pierre Lellouche l’a attaqué sévèrement d’ailleurs pour ces propos mais manifestement sans résultat.

La France reporte donc au prochain quinquennat la décision de se doter d'un outil militaire dit de « projection de puissance », censé assurer une « permanence à la mer ». Or, la prochaine immobilisation du CDG est prévue en 2015 et il est peu vraisemblable que le second PA soit en mesure de le remplacer à temps. Conséquence de l’actuelle maintenance du CDG indisponible depuis septembre 2007, nos avions s’entraînent à titre payant à partir de porte-avions américains (heureusement encore qu’ils sont là !). L’indépendance de la France est bien compromise et on donnera peut-être moins de leçons au reste du monde. Bien que…

Il est bon cependant de se rappeler la campagne présidentielle et la polémique avec Ségolène Royal qui ne voulait pas du second porte-avions à la différence du candidat Nicolas Sarkozy (voir www.defense-et-republique.org/telechargements/lettre, lettres 9 et 14 ainsi que « Propos sur la défense », n°2) qui s’opposait vigoureusement à cette orientation notamment en évoquant la nécessité d’être présent en permanence notamment en Méditerranée « pour garantir sa stabilité et sa stabilité ». Certes, l’Union pour la Méditerranée lancée depuis, répond peut-être aux questions sécuritaires.

Il est bon aussi de se rappeler que la France contrôle 11 millions de km² des sols sous-marins et qu’elle pourrait à terme ajouter un million de km² supplémentaire. Reconnaissons que le PA n’apporte rien à ce contrôle sauf pour une opération de dissuasion face à un agresseur potentiel. Il est destiné à la projection de puissance. Pour ce type de mission, mieux vaut sans doute des bâtiments plus légers, plus nombreux mais là aussi les coupes sombres s’annoncent. Sur les 17 frégates FREMM prévues, seules 8 ont été commandées fermes avec l’influence sécuritaire négative sur la nécessaire protection de nos lignes maritimes et d’approvisionnement. Or, le choix de reporter la construction du CDG devait permettre de financer les FREMM !!!

Il est bon d’apprendre aussi que cet investissement dans un nouveau PA représente aujourd'hui quelque 3,5 milliards d'euros au lieu des 2,5 milliards d’euros (voir le rapport de l’Assemblée nationale, http://www.defense-et-republique.org, Téléchargements, Rapports de l’Assemblée nationale, rapport d’information sur le financement des projets d’équipements navals militaires du 13 février 2008). Il est donc plus cher qu’un porte-avions nucléaire, belle réussite des économies d’échelle attendues avec la coopération britannique. On pourrait se poser la question de savoir de qui se moque-t-on ?

Enfin, les conséquences industrielles négatives seront importantes pour DCNS qui est concernée par les trois programmes majeurs de la marine dont le PA.

Comment peut-on donc réagir à cette nouvelle situation. La défense devient sinistrée, les engagements ne sont pas respectés. Les changements d’orientation sont camouflés par une excellente communication. Enfin le second porte-avions serait décidé vers 2011/2012… soit avant la prochaine campagne présidentielle. Quel que soit le candidat et nous ne pourrons pas faire confiance au candidat d’hier, ne nous faisons pas d’illusion. Il n’y aura vraisemblablement pas de second porte-avions. Le volet maritime de la défense sera orienté vers une situation de garde-côte et de « gendarme de la mer » conforme aux orientations décelable de l’exécutif à travers le Livre Blanc.

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